À partir du moment où il y a de la terre, on peut lui redonner sa fonction première, qui est de nous nourrir.
J'ai travaillé pendant une quinzaine d'années dans la communication cinéma et puis un jour j'ai eu envie d'apporter plus de sens à mon activité.
Je me suis donc reconnectée à mes racines et à ce qui me constitue fondamentalement.
Ma grand-mère et mes parents m’ont transmis le respect de la nature et le goût des bonnes choses. Ils cuisinaient merveilleusement bien et cultivaient leurs jardins. J’ai donc eu naturellement envie de retrouver le goût des bonnes choses et de les partager.
Et c’est durant cette reconversion, que j’ai naturellement rencontré la permaculture.
J’ai beaucoup lu. Je me forme encore dans de nombreux domaines. Et j’ai suivi un certificat en permaculture. La permaculture est une méthode ou plus exactement une manière de vivre, une philosophie de vie. Elle me permet de concevoir mon écosystème de manière durable, résiliente et autonome. J’avance jour après jour à organiser ma vie en respectant l’éthique de la permaculture.
J’essaie de faire en sorte d’entreprendre uniquement lorsque mon action valide les trois piliers de l’éthique : respecter la nature, respecter les humains et partager au mieux les ressources et productions.
C'est vraiment ce double ADN que ma grand-mère m'a transmis, c'est-à-dire le vivre ensemble, la culture et la cuisine, qui m'ont amené à me dire au coin d'une feuille … qu'est-ce que je voudrais pour mes enfants ?
Et du coup j’ai imaginé un monde avec plein de jardins comestibles dans la ville.
Et je suis devenue cultivatrice de liens.
Aujourd'hui ce que j'essaie de faire, c’est créer des liens, cultiver les liens entre l'homme et la nature, et c'est ce que j'essaie de faire partout où j'interviens, que ça soit en entreprise, dans les écoles, au restaurant…
J’ai réussi à inventer mon métier de cultivatrice de liens. Et cela n’a pas été simple, mais j’ai eu la chance de rencontrer des personnes vraiment extraordinaires et notamment une accompagnatrice en épanouissement professionnel, qui m’a permis de mettre des mots sur ma vraie nature.
Encore aujourd’hui, le chemin n’est pas simple mais je fais au mieux pour avancer dans la bonne direction – celle qui me correspond.
Etre indépendante est important pour moi, mais induit beaucoup de temps de travail.
Je pensais être arrivée au bout de 3 ans à un équilibre serein. Mais la crise de la Covid est venue rebattre les cartes. Alors il faut se réinventer et continuer à avancer pour construire un écosystème plus résilient. En tout cas, je suis certaine d’une chose, c’est que j’apporte réellement du bien-être, de la convivialité et un autre regard sur la nature et sur notre alimentation.
Sensibiliser et permettre de mieux comprendre les enjeux écologiques liés à notre alimentation me semble essentiel pour donner les clefs d’un changement nécessaire.
Le jardin d'Amélie, c'est donc le jardin de ma grand-mère. C’est le jardin dans lequel enfant je mangeais des tomates qui avaient du goût!
Je faisais un clafouti aux cerises, des gelées de cassis ou des jardinières de légumes avec les petits pois, carottes et pommes de terre du jardin…. Des souvenirs vraiment gourmands et encore si présents !
Et c’est dans le jardin d’Amélie à Meudon que je donne du temps à mon tour, pour transmettre des savoirs oubliés que ma grand-mère m'a donnés.
Les mercredis après-midi, nous faisons ce que le jardin nous demande (plantations, semis, compostage, bouturage, paillage…). Ainsi les personnes apprennent par le faire et peuvent ensuite reproduire chez eux, essaimer. C’est vraiment un lieu à partager, à voir, c'est un vrai lieu d'échanges, j’adore !
J'apprends, j'apprends énormément et je me nourris des autres.
J’apprends tous les jours sur le fonctionnement de la nature. Je découvre des plantes, saisons après saisons, années après années. C’est vraiment très enrichissant. Les végétaux, je pense qu'ils ont plein de choses à nous apporter. Mes jardins sont composés de plantes vivaces et annuelles. Et elles m’apportent beaucoup, tant pour mettre en place un écosystème durable et plus résilient, que pour augmenter la biodiversité dans mon assiette.
En entreprise, j’anime des ateliers jardin, sur le temps du déjeuner, pour que les collaborateurs puissent se connecter à la nature, mieux comprendre le fonctionnement du jardin et partager un moment de convivialité.
Au fur et à mesure, les équipes cultivent eux-mêmes le jardin, utilisent les plantes aromatiques pour leurs infusions et picorent les récoltes pour leurs repas du midi !
Ici, le personnel de cette société à Meudon, qui a installé un jardin comestible sur son toit, à l'occasion de mes ateliers et indépendamment de mes ateliers, cultive le jardin ensemble. Cela leur permet de se reconnecter à la terre, aux plantes, aux odeurs, aux couleurs, aux goûts et de partager des moments de convivialité et d'écoute. Des liens différents se créent, et ils s’aèrent la tête et le corps tout en apprenant comment cultiver ensemble la terre et les plantes. C'est vraiment du lien pour un objectif commun qui est le jardin.
Cela me semble être une belle mise en pratique de ce que peut devenir l’entreprise de demain : l’entreprise contributive.
Cette entreprise qui respecte les ressources de notre planète, qui respecte les femmes et les hommes qui composent son écosystème et qui partagent équitablement les ressources et productions.
J'ai l'impression que je suis à ma juste place, que j'apporte ce dont les gens ont besoin.
Je cultive juste le lien qu'il faut pour sensibiliser au fonctionnement du vivant.
Lors de mes ateliers, j’ai le sentiment que les enfants ou les adultes comprennent mieux la nature qui les entoure et qu’ils peuvent ensuite concrètement aider à sa préservation et celle de la biodiversité.
Nous sommes d’ailleurs un simple maillon de cette nature. Alors à nous d’agir. Je suis en tout cas en accord avec moi et j’essaie d’agir à mon humble échelle pour un monde plus savoureux, plus humain et plus écologique.
Pour le restaurant à Issy-les-Moulineaux, pour lequel je cultive 3 jardins en proximité de cuisine, il s’agit de donner la signature aromatique aux cuisines, aux plats. Avec l’équipe, nous échangeons, cela permet de donner de l'inspiration… Cela apporte du beau, du bon, ça ouvre des perspectives de création. Lorsqu’un restaurateur cuisine des bons plats pour faire plaisir à ses clients, je trouve cela vraiment extraordinaire.
Lorsque j’apporte une herbe nouvelle ou une récolte le matin et qu’à midi je retrouve cette récolte dans l’assiette, je suis super contente.
C’est la preuve qu’il est possible d’incarner, même à petite échelle, la phrase « de la graine à l’assiette ». Et je trouve magique de pouvoir assister au processus créatif en cuisine. Je suis vraiment privilégiée, car en plus, j’ai le plaisir de pouvoir goûter !
Tout ça, ça me touche parce que j'ai l'impression que ce que ma grand-mère m'a transmis c'était ça : du vivre-ensemble, du partage, de la cuisine, de la culture.
C'est du respect du vivant, mais dans son ensemble, et j'ai l'impression que je réussis à faire ce qu'elle a réussi à me transmettre.
Cette nouvelle vie m’apporte d’apprendre tous les jours, de rencontrer des personnes passionnantes et passionnées et de faire ce qu’il faut pour mes enfants.
La vie est courte. A nous de la rendre joyeuse, riche de belles rencontres et de belles aventures.