Un soir en sortant d’un diner j’ai enchainé les malaises cardiaques dans la rue.
Pour la première fois de ma vie je me voyais passer « l’arme à gauche …
Le coté soudain et intense des malaises a été très marquant pour moi. Après l’arrivée des pompiers en urgence je suis entré en soins intensifs pour plusieurs jours. Ca a été inattendu pour moi et mes proches. Quelques semaines auparavant je courais encore mon 3ème Marathon à Copenhague. Personne ne comprenait la situation, donc l’inquiétude était encore plus grande.
J’ai ressenti de la peur, peur de l’inconnu, peur de mourir...
Le plus dur pour moi a été de m’imaginer mourir. Je me suis vraiment vu passer « l’arme à gauche ». Dans la rue quand je suis tombé, j’ai commencé à convulser. Tout a lâché. C’était la fin dans ma tête. Quand j’ai réellement repris conscience, j’étais dans un camion de pompiers.
A mon entrée aux urgences, les médecins ne savaient pas ce que j’avais.
On m’a alors indiqué que je n’allais pas rentrer chez moi et que je rentrais en soins intensifs pour une durée indéterminée, branché à plein de machines, sans autonomie.
C’était angoissant. Surtout que quand tu es en soins intensifs, tu es sous contrôle en permanence donc on vient te voir régulièrement pour te relever la tension, la température etc. Tu as peu de temps pour vraiment te reposer quand bien même tu y arriverais. Après, la deuxième difficulté a été l’attente et le fait d’être coincé à l’hôpital sans savoir ce que j’avais, malgré la multitude de tests.
Attendre sans savoir, avec la fatigue qui est de plus en plus prononcée, jamais simple... J’ai parfois craqué, le soir au moment de dormir je faisais des crises d’angoisse. J’étais obnubilé par cela. J’ai même du pleurer je pense…
Pour me donner la chance d’aller mieux, il me fallait attendre et rester serein.
Je n’avais que cela à faire. Ne pas trop cogiter et penser à la suite. Ecouter les conseils des médecins. Et surtout penser à mon projet pro de création d’entreprise qui arrivait avec la TRBL Compagnie !
Malgré tout, je me suis souvent dit que j’allais y passer. Le cœur ce n’est pas rien et tout cela m’inquiétait vraiment.
Même si devant mes proches j’essayais de faire bonne figure, vu mon jeune âge, 28 ans, j’avais peur.
Le soir seul, il m’arrivait de ne pas réussir à dormir tellement j’angoissais. Je restais focalisé sur mes battements de cœur. C’était horrible.
Puis j’ai essayé de rester positif. J’ai toujours été un battant. Mon coté sportif surement.
Parfois dans des compétitions de sport, c’était mal engagé, mais j’ai appris à rester positif quelle que soit la situation. Tout peut basculer rapidemment. Le monde appartient aux positifs, les pessimistes ne sont que spectateurs. Du coup c’est ce trait de caractère qui m’a aidé.
Etre positif a engendré que ça aille mieux et comme ça allait mieux j’étais encore plus positif. Le cercle vertueux.
Dans ce moment là, je pensais beaucoup à une citation de Martin Luther King « Avoir la foi, c'est monter la première marche, même quand on ne voit pas tout l'escalier .»
J’ai commencé à repenser à tout ce que je voulais faire : partir en Namibie, reprendre le sport… etc. Et comme j’avais mon projet professionnel en cours, avec la naissance de ma société, je me disais que derrière, je voulais me lancer à fond. La vie ne tient pas à grand-chose et je ne voulais pas avoir de regret sur ce projet.
Après plusieurs jours en soins intensifs, je suis passé en service cardiologie. On a continué les tests cardiologiques – neurologiques etc. C’était stressant, car malgré tout, personne ne savait se prononcer. Voire même on imaginait des hypothèses assez graves comme un syndrome de Brugada. Mais j’allais mieux de jours en jours et puis à un moment on m’a laissé sortir, mais avec un suivi important à faire.
Ce fut un soulagement, la sortie de l’hôpital ! Un retour à la vie ! Le premier pas dehors sous un grand soleil : un petit bonheur simple.
Pendant mon hospitalisation ce qui m’a vraiment aidé, c’est la présence de mes proches au quotidien.
Amis, famille, collègues : tout le monde est venu me rendre visite, parfois même plusieurs fois par jour. Je n’étais pas seul dans ce moment difficile et dans l’attente des résultats. Et c’est important. Seul ça n’aurait pas été la même chose.
Chacun avait sa petite attention pour moi : Un magazine, une BD, un truc à manger etc. Même jusqu’à un maillot collector de mon équipe de football préféré !
J’ai reçu des appels de partout dans le monde, et de personnes improbables, comme des ex ou des gens dont j’avais perdu le contact. Tout cela faisait chaud au cœur.
Un an après, je n’ai plus aucun souci de cœur. Au contraire, celui-ci est en pleine forme. J’ai repris le sport à haut niveau, courant à nouveau de façon régulière et continuant ma passion pour le ski, l’escalade et le vélo.
Mais surtout un an après, j’ai créé ma société avec deux autres associés et nous sommes désormais des chefs d’entreprise.
Aujourd’hui, normalement, pour moi, je vais mieux. Je continue les tests, pas de nouvelle alerte, pas de quoi inquiéter les médecins. Je continue à faire des extrasystoles, mais comme j’en ai toujours fait. Rien de grave. Je continue à aller voir le cardiologue régulièrement. Je dois éviter le café et tout ce qui est boisson énergissante type Redbull. Rien de contraignant pour moi car ce ne sont pas des produits que j’utilisais au quotidien.
Je suis un sportif qui se challenge régulièrement (3 marathons, un Triathlon , Alpinisme, Ski de randonnée, Escalade etc. ). Il est important que je m’assure que tout aille bien.
Cela ne sert à rien de prendre des risques inutiles, donc je prends plus de précautions qu’avant.
J’ai fait deux tests d’effort depuis mon accident, je contrôle aussi plus mon rythme avec ma montre ultra connectée. J’essaye également de plus m’écouter et de pas trop tirer sur la corde pendant l’effort.
J’ai découvert avec cette expérience, que j’avais des gens qui tenaient à moi.
J’ai des amis qui ont traversé Paris pour venir me voir plusieurs fois. J’ai des gens que je voyais peu qui sont revenus à moi. L’importance de l’humain dans ces situations délicates, c’est vraiment très important. C’est dans ces situations délicates qu’on voit les gens importants. Et quand vous êtes enfermé dans une chambre d’hopital ça fait vraiment du bien!
J’ai aussi découvert que j’étais plus fort que je ne pensais. Après cet épisode, je sors plus fort, je relativise sur les problèmes de la vie.
Moi qui n’avais pas confiance en moi. J’ai tellement cogité que j’ai beaucoup changé en caractère.
Il y a eu un avant et un après ça c’est sûr !
La vie ne tient pas à grande chose et il faut en profiter pleinement. Être positif et surtout faire la part des choses dans la vie de tous les jours. Tout n’est pas aussi grave que ce qu’on laisse prétendre.
Quand on a vu la mort de près, on relativise beaucoup sur ses problèmes du quotidien. Souvent c’est pénible mais pas si grave.
J’ai appris aussi qu’il faut également apprendre à se reposer et faire attention à soi !
C’était un avertissement de mon corps. Il n’y en aura peut-être pas deux. Cet épisode m’a permis d’avancer à fond encore plus dans mon nouveau projet professionnel de brasserie artisanale ! De ne rien lâcher. Et d’arrêter de râler pour rien. Le passage aux soins intensifs te fait ouvrir les yeux sur la chance de la vie. Aujourd’hui paradoxalement je suis peut être meilleur dans mon projet grâce à cette mésaventure.
Pour moi il est important, quand il arrive un souci de santé comme j’ai eu, de se battre. De faire confiance à la médecine. Et surtout de rester positif. A chaque problème une solution. Et de profiter derrière.
Tout est possible ne gâchons pas nos vies pour des broutilles.