Eric est professeur de sémiologie appliquée à la communication, auprès d’étudiants en études supérieures. Il propose des découvertes de la méditation pendant ses cours.

Depuis plusieurs années, des études ont montré les bénéfices de la méditation, elle est introduite maintenant dans les hôpitaux et certaines écoles.

Pour ma part, j’ai découvert la méditation en 1996, grâce à la lecture du livre « le moine et le philosophe » de Matthieu Ricard. J’ai ensuite étudié les traditions bouddhistes et la place de cette pratique en occident. J’ai appris et pratiqué auprès de sources différentes : la sangha Loka à Paris qui est de tradition tibétaine, l’Ecole Occidentale de méditation de Fabrice Midal qui est plus laïque et enfin la « mindfulness » de Jon Kabat Zinn ou Christophe André pour les milieux de la santé.

Je pratique depuis une vingtaine d’années une forme que l’on peut appeler « méditation laïque » ou « de pleine présence », qui est une version détachée de toute tradition idéologique et religieuse.

J’observe et je vis les vertus de la méditation pour moi dans ma vie, comme sur ceux qui pratiquent et l’enseignent aussi dans mon entourage.

J’ai eu l’idée de faire découvrir la méditation dans mes cours, simplement par l'envie de partager une pratique dont on sait qu'elle peut faire beaucoup de bien. Comme quand on dit à quelqu'un "vient voir ça, c'est magnifique !".

Plus largement aussi, en ayant longuement étudié la philosophie bouddhiste, qui pose en préalable de l'épanouissement humain, l'idée qu'il faut se connaître ou plutôt "sentir" ce qui se passe dans nos têtes.

Dans la philosophie occidentale, nous avions le "connais-toi toi-même", inscrit sur le fronton du temple de Delphes, ou le "je sais que je ne sais pas de Socrate", mais pas clairement de conseils pour accéder à cette "présence" que l'on expérimente par la méditation.

Concernant le contexte éducatif, l'idée d’apporter la méditation vient aussi d'un constat de surcharge, d'agitation permanente, de déficit de concentration etc...

Et aussi du fait que dans certains pays asiatiques, on apprend la méditation depuis le plus jeune âge, alors pourquoi pas en France ?

Pour les élèves, au début, comme c'était nouveau et inattendu, ils étaient attentifs et se sont prêtés à l'expérience facilement.

Voilà ce que je leur propose, dans les grandes lignes : je commence par les laisser au moins 5 minutes assis en silence, sans aucune instruction. Le but est d'abord qu'ils constatent que nos cerveaux génèrent en permanence des sensations et des pensées. 

Ce flux est normal mais quand on le subit, il peut être une source de dispersion. Cette "dispersion" peut accentuer le stress, les émotions négatives, mais aussi nous empêcher de profiter pleinement des moments heureux. 

Ensuite je leur indique les bases de la méditation assise, conseils de posture, de respiration et d'attitude d'esprit. Ils passent à nouveau plusieurs minutes à pratiquer et ensuite nous partageons les ressentis. 

A chaque fois, j’ai pu constater globalement 3 groupes avec 3 types de réactions: Ceux qui s’appliquent à suivre les consignes, ceux qui comprennent plus directement ce qui est recherché et aussi ceux qui vivent un moment de calme parfois proche de la somnolence !

Pour certains, je dirai qu’ils en tirent un bénéfice de calme et de repos, si on peut dire !

Bien que ce ne soit pas le seul but. Je les invite à rester conscients de tout ce qui se passe. Les autres sont mis sur la voie de quelque chose à approfondir et pour certains, c'est le début de la découverte d'un espace de liberté intérieure. 

Parmi ces 3 groupes, il y a bien sûr aussi des réfractaires qui disent "ce n'est pas pour moi, ça m'ennuie, ça m'angoisse, ça m'énerve", ce qui est tout à fait normal et respectable.

On ne comprend pas toujours dès la première séance et chacun est libre, c'est une condition incontournable de l'exercice. Il n’y a pas de « note », c’est un enseignement libre.

Ce que j’aime à travers cet exercice que je propose, c’est le plaisir de partager avec eux une découverte, de leur offrir une expérience nouvelle, qui peut leur apporter des bienfaits multiples, les aider à se sentir mieux. C'est de l'ordre du don, du soin, de l'attention portée à autrui. 

C’est une ouverture à soi mais pas seulement : parmi les conseils de posture que je donne, il y a le « demi sourire ».

C’est important d’adopter cette expression de « bienveillance tranquille » car la méditation n’est pas orientée vers l’égo, elle doit être une invitation à l’ouverture aux autres et au monde.

Les bienfaits ne sont pas limités au stress. La "présence", plus juste que la "conscience" que l'on cultive par la méditation permet aussi d'améliorer le discernement et la créativité.

C'est compatible avec la joie, la fantaisie, la musique, la révolte. Comme je dis toujours, la méditation, ce n'est pas une fabrique de moutons apathiques, bien au contraire. 

Je m’inscris dans cette lignée de professeurs, qui cherchent à « allumer des flambeaux plutôt qu’à remplir des vases », inspiré par Robin Williams dans le film « le Cercle des poètes disparus » …

Quand j’ai commencé à présenter la méditation dans mes cours, je n’ai pas demandé l’avis des écoles pour qui je travaille et cela s'est très bien passé ! Depuis des années, cela faisait partie d'un cours de psychosociologie où j'explorais la notion de conscience.

Les étudiants se prêtaient à l'expérience, en redemandaient ensuite, et je n'ai jamais eu de critiques de la part de l'institution. 

Ma chance dans les écoles où j’interviens, est d’y avoir rencontré des responsables pédagogiques qui sont eux-mêmes des pratiquants convaincus.

Aujourd'hui, les écoles avec qui je travaille sont plus demandeuses, car la pratique se répand.