Marie-Annick réunit un groupe de jeunes lycéens pour aider les migrants à Paris. Chaque mois elle emmène les jeunes participer à des maraudes.

Ce projet est né en 2019 de mon envie de « faire quelque chose d’utile » avec quelques ados motivés !

Le sujet des migrants revient régulièrement sur la scène de l’actualité : choquant sur un plan humain, difficile à comprendre sur un plan géopolitique … L’inconnu faisant peur, nous avons décidé de nous intéresser à ce sujet. L’objectif était de faire de petites choses, pas question de changer le monde à notre niveau, mais des choses qui nous appartiennent vraiment et dont nous sommes acteurs.

N’ayant aucune connaissance de ce qui pouvait être utile et dans quelles conditions, nous avons pris contact avec des personnes qui sont très actives sur le terrain depuis longtemps : le collectif Solidarité Migrants Wilson qui intervient dans les camps des portes de la Chapelle et Aubervilliers.

Après avoir envisagé plusieurs idées, dont celle d’aider les migrants à faire leur lessive dans des laveries (d’où le nom du groupe Les lessivés !) il a été décidé de récolter des produits d’hygiène dont ils manquent cruellement et de les leur apporter nous-mêmes dans les camps, pour prendre conscience de ce qui se passe sur place et pouvoir échanger avec ces personnes.

Nous sommes allés passer plusieurs soirées dans les camps du nord de Paris.

Sur place, nous sommes toujours en lien avec les bénévoles d’une association spécialisée, car même s’il n’y a jamais eu un quelconque signe de danger, les conditions de vie sont telles qu’il faut bien les connaître pour ne pas risquer de faire des erreurs. La colline du crack est proche et il est possible de rencontrer des toxicomanes.

A chacune des maraudes, nous avons apporté des produits d’hygiène.

Les ados ont multiplié les moyens pour pouvoir apporter sur place ces produits de première nécessité.

Une cagnotte solidaire a été créée, des vêtements donnés ont été mis en vente pour permettre de récupérer un peu d’argent, des flyers ont été distribués dans des boites aux lettres de nos quartiers pour que les gens donnent des échantillons qu’ils ont chez eux et dont ils n’ont pas l’utilité : petits savons ou shampoings des hôtels, échantillons de produits de parapharmacie, de parfums …, un appel sur Facebook a permis de récupérer une quarantaine de couvertures qui ont été données à une autre association spécialisée dans la logistique du matériel. Nous sommes allés les leur donner et visiter leur entrepôt de stockage.

Lors de ces maraudes, d’autres actions ont été menées sur place : aide à la distribution des repas avec les bénévoles du collectif, récupération de stocks de pain invendus dans les boulangeries proches, échanges avec les migrants, ce dont ils ont vraiment besoin. Les échanges sont très variés : les aider à trouver l’adresse d’un hôpital pour se faire soigner, l’adresse du « vestiaire des migrants » dans le 18ème pour avoir des vêtements, mais aussi et surtout parler de tout et de rien, souvent avec un mélange d’anglais, de français et de gestes …

La crise sanitaire a bien sûr stoppé nos maraudes mais début juillet nous avons pu y retourner pour la plus grande joie de tous !

Même si j’en suis l’initiatrice, j’ai voulu que ce projet soit avant tout celui des ados. Ma présence est indispensable pour assurer la logistique, veiller à leur sécurité lorsque nous sommes sur place dans les camps de réfugiés. Nous n’avons que très rarement rencontré des gens agressifs, sous emprise de la drogue ou de l’alcool.

Il est important d’être prudent et conscient des dangers potentiels dus à la grande précarité qui règne dans ces camps.

J’apprécie ces moments de partage avec les ados. La relation adulte/ado n’existe plus, nous sommes tous sur un pied d’égalité dans ce projet, bien loin de nos règles de vie bien cadrées et parfois pesantes ! Ils apprennent à s’organiser, gérer un projet, laisser chacun trouver sa place et son rôle, accepter les différences de point de vue … une première expérience utile pour leur future vie d’adultes.

Cette action partagée avec eux, ouvre nos ados sur un monde qui est bien loin du leur, mais en même temps si proche et si réel ! La solidarité est pour eux une évidence.

Ce sont leurs propres réflexions : « On n’est qu’à une heure de chez nous » …  Ils sont admirables par leur enthousiasme, leur disponibilité, leur capacité à échanger, à danser sur un trottoir avec des migrants parce qu’en fait « on écoute les mêmes musiques » et qu’il n’y a plus de différence entre eux tous. Une leçon de vie que je suis fière d’avoir pu leur offrir.

Tout cela a été assez facile à mettre en œuvre, grâce à la motivation des jeunes qui m’ont suivie dès l’idée évoquée, à commencer par ma fille.

L’accueil de l’association qui nous encadre a été également très favorable et tous les bénévoles nous soutiennent dans notre démarche. Toute personne est en effet la bienvenue pour participer à des actions. Cependant pour ne pas se mettre en danger ou commettre des erreurs par méconnaissance des usages, il est important de se rapprocher d’associations qui oeuvrent sur le terrain.